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Chirurgie esthétique : en France on préfère le naturel

Les Françaises aussi ont recours à la chirurgie. Elles savent simplement mieux garder le secret.

Ligne ondulée

Ce n'est pas un secret, le monde entier semble penser que les Françaises ont ce "je ne sais quoi" – cette qualité sur laquelle on n’arrive pas réellement à poser un nom ou à définir. La fameuse « French Touch » est certes indescriptible, mais elle explique que des femmes, partout dans le monde aient les yeux tournés vers Paris et tentent de inlassablement de saisir ce qui fait le style à la Française.

Nous n'oublions pas que cet « idéal » ne prend en considération qu’un type de femme française : chic, d’une beauté classique et bien souvent blanche. Ce stéréotype semble faire abstraction du fait que Paris est une ville d’une grande diversité et que ses 2 millions d’habitantes ne ressemblent pas toutes à Jeanne Damas, Jane Birkin, Marion Cotillard, Catherine Deneuve, ou Brigitte Bardot.

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Mais on le sait bien, les Françaises vieillissent comme tout le monde. Pourtant, elles semblent le faire en ayant l'air naturelles, et non plastiques. La Jane Birkin d’aujourd’hui est très différente de celle d’il y a 30 ans, et il n’y a rien de mal à ça.

Mais la réalité n’est pas que les Françaises n’ont pas recours au bistouri. Bien qu'il soit vrai que les Françaises y ont bien moins recours que les Américaines : l’étude la plus récente menée par la Société de chirurgie esthétique et plastique (ISAPS), a montré que les Etats-Unis arrivaient en première place pour les procédures cosmétiques, avec 1 562 504 interventions en 2017, suivis pas le Brésil, le Japon, le Mexique et l’Italie. La France n’apparait même pas dans le top 10 du classement.

Ce n’est pas que les patientes n’ont pas recours à la chirurgie esthétique ; c’est simplement que les implants sont plus petits et que les liftings traditionnels et les chirurgies des paupières sont plus répandus.

Dr. Stafford Broumand

Mais quand elles ont recours à la chirurgie esthétique, que font les Françaises ? Les services proposés pour les 925 opérations de chirurgie cosmétique et plastique en France sont sensiblement les mêmes que celles réalisées aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ; c’est la technique qui diffère. Lorsque les patientes des quatre coins du monde entrent dans le cabinet du Dr en chirurgie plastique et médecine esthétique Olivier Claude, dans le 16e arrondissement de Paris, ce qu’elles demandent, c’est : la French touch. « Les patientes veulent avoir l'air plus jeunes, sans que personne ne se rende compte qu’elles ont eu recours à la chirurgie esthétique, » explique le Dr Claude. Pour citer la chirurgienne esthétique Déborah Obadia, « Elles veulent un résultat si naturel que personne, pas même leur maris ne remarque ce qu’elles ont fait. »

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La priorité numéro un est que ça ait l’air naturel — et apparemment, le secret pour qu’on ne voit pas qu’on a fait refaire quelque chose, c’est de tout refaire. « Si vous vous concentrez sur un point spécifique, le rendu ne sera pas naturel, » explique le Dr Claude. « Si vous ne faites que des injections de Botox, votre visage aura l’air figé. Que des injections acide hyaluronique ? Les traits seront trop réguliers. Qu'un lifting ? Vous n’aurez certes plus de rides, mais votre visage aura l’air tiré et plat. Le secret, c'est de tout combiner à petite dose. » conseille la Dr Obadia, « Par exemple, lors d’injections de Botox, nous allons respecter les lignes de contour des yeux, ou injecter le produit suffisamment haut sur le front pour que le patient puisse lever les sourcils.

Désormais basé à New-York, Stafford Broumand, chirurgien plasticien diplômé du 740 Park Plastic Surgery, a effectué sa formation en cosmétique à Paris. Là où les gens affluent à Paris pour voir le Dr Claude et la Dr Obadia, le Dr Broumand cherche à apporter cette fameuse French touch aux États-Unis. « Si vous voyagez en Europe, il y a cette beauté naturelle omniprésente en France, mais ce n'est pas forcément le cas dans les autres pays européens, » a-t-il déclaré.

Mais cette impression que tout est naturel est fausse. « Ce n’est pas que les patientes n’ont pas recours à la chirurgie esthétique ; c’est simplement que les implants sont plus petits et que les liftings traditionnels et les chirurgies des paupières sont plus répandus, explique le Dr Broumand. « Les femmes avouent rarement avoir recours au bistouri, » explique la Dr Obadia. « Elles vont plutôt dire quelque chose dans les lignes de : “Je me suis fait faire un peeling chez le dermato” — alors qu’en réalité, ce qu’elles ont fait, c’est un lifting. » Selon la Dr Obadia les Françaises vont prendre l'exemple d’actrices de plus de 50 ans, comme Sophie Marceau, Carole Bouquet et Fanny Ardant, pour parler d’une personne qui a bien vieilli sans avoir l’air refaite.

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Ce n’est peut-être pas qu’une question de goût, mais plutôt une question culturelle : dans son rapport 360° Aesthetics Report, Allergan a interrogé plus de 14 584 « consommateurs soucieux de l’esthétique » originaires de 18 pays différents et a découvert que seul 69 % des Français interrogés étaient d’accord pour dire que le stigma lié aux traitements par injections avait diminué au cours des cinq dernières années, contre une moyenne globale de 82 %. « La chirurgie esthétique a mauvaise réputation en France, » explique la Dr Obadia. « Le fait même d’avouer avoir eu recours au Botox est tabou. »

Elles veulent un résultat si naturel que personne, pas même leur maris ne remarque ce qu’elles ont fait.

Dr. Déborah Obadia

La discrétion est également essentielle ; contrairement aux Etats-Unis, très peu de chirurgiens esthétiques parisiens font la publicité de transformations dramatiques en précisant les détails de la procédure sur Instagram, et on entend rarement parler de « chirurgien esthétique des stars, » car cela confirmerait que les célébrités françaises passeraient bel est bien sous le scalpel. Il est possible que, si les lèvres, les seins et les pommettes visiblement augmentés soient devenus depuis une carte de visite pour les mannequins, les célébrités et les « influenceuses » américaines, les Françaises ne veulent toujours pas d'une chirurgie esthétique que l'on remarque ; logique, si l’on considère qu’elles sont fétichisées pour leur beauté « naturelle et sans effort ».

« C’est une pression différente. Ce qu'on veut, c'est avoir l’air plus jeune, sans qu’on voit que quelque chose a été fait, » explique la Parisienne Marie-Laure Fournier, présidente de Fournier PR+Consulting, une agence de relations publiques et de consulting qui représente de nombreuses marques de la beauté, dont Embryolisse et Leonor Greyl. « Les injections sont de plus en plus répandus en France, mais elles restent très, très subtiles. Les femmes qui en font trop et qui finissent par ressembler à Kim Kardashian, pour les Françaises, elles sont vulgaires ; pas chics. J'ai des amis qui préfèrent ne rien faire par peur de ressembler à une Californienne. Un fait confirmé par Dr Obadia. La première chose que nous disent les patientes au cours des consultations, c'est qu'elles ne veulent pas ressembler à une célébrité américaine.

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Dr Jonquille Chantrey, experte en chirurgie plastique au Royaume-Uni, voyage souvent dans le cadre de ses fonctions pour Allergan. Elle explique que, d’après son expérience, cela se résume au tempérament stéréotypé français : « Ils ont plus tendance à juger ». Curieusement, le Dr Broumand considère que cette discrétion face à la chirurgie esthétique est spécifique à la France pour une autre raison. Dans une culture alimentée par la mode depuis des siècles, le visage fait écho au mode actuel : élégant et sobre. Le docteur Nicolas Zwillinger, chirurgien plasticien parisien, ajoute : « Toutes les femmes aiment se référer à Dior ou à Chanel. » Oui, les industries du luxe qui ont prospéré sous Louis XIV et ont suscité la méfiance de la société envers la flamboyante et glamour Marie-Antoinette continuent d'affecter la manière dont les femmes françaises souhaitent être vues par le monde aujourd'hui.

Mais, tout comme les perruques poudrées et les robes de fleur de lys flottantes ont laissé la place aux vestes Saint-Laurent élégantes et au style bohème chic d'Isabel Marant, la perception parisienne de la chirurgie plastique pourrait bien évoluer à mesure que les femmes opteront toujours plus pour des opérations esthétiques, détournant une fois pour toute la tendance du tabou. La France ne s’est peut-être pas adaptée à la prévalence de la chirurgie plastique comme les autres pays occidentaux l’ont déjà fait, mais, ajoute le Dr Claude, « cela va devenir une nécessité. » Quant à savoir si elles vont vraiment parler de leurs expériences, comme beaucoup de femmes américaines ? L’avenir nous le dira.

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