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Oui, le burn out existe aussi en télétravail – voici comment y remédier

Photo par Anna Jay
Sarah*, 31 ans, est responsable performance marketing. Avant la pandémie, elle travaillait déjà à domicile quelques jours par semaine car elle souffre d'endométriose et de fatigue chronique. Lorsque le confinement a été annoncé en mars, le télétravail était donc facile au début. Mais dans le nouveau climat de 2020, les choses se sont rapidement dégradées. Après avoir été au chômage partiel pendant deux mois, elle a dû reprendre son emploi du temps habituel, mais le fait de ne voir personne physiquement pendant une longue période, ainsi que l'impact de la pandémie sur son industrie l'ont rendue si anxieuse qu'elle pleure la plupart des jours et lutte pour sortir de chez elle.
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"Je me sens vraiment perdue et confuse", confie-t-elle à R29. "Il est difficile de se motiver quand on est chez soi et qu'on a l'impression que son employeur ne voit en nous qu'un numéro qu'il peut réduire dans son budget. Je cherche du travail ailleurs, mais le marché est tellement compétitif et je me sens coupable de faire obstacle aux personnes qui n'ont pas d'emploi du tout".
Sarah est l'une des nombreuses lectrices de Refinery29 à avoir répondu à notre questionnement sur ce sentiment d'épuisement que provoque la pandémie lorsqu'on travaille à domicile. Le burn out, ou épuisement professionnel, est défini par l'Organisation mondiale de la Santé comme un "phénomène lié au travail" et a été ajouté à la CIM-11 (Onzième Révision de la Classification internationale des maladies) en 2019. Celui-ci est décrit comme résultant d'un "stress chronique au travail qui n'a pas été correctement géré". Pour être diagnostiquée, la personne doit faire état d'un "sentiment de manque d'énergie ou d'épuisement", d'un "retrait vis-à-vis du travail ou des sentiments de négativisme ou de cynisme liés au travail" et d'une "perte d’efficacité professionnelle".
L'épuisement professionnel était déjà un phénomène bien établi avant la pandémie, tout comme l'impact avéré des situations de travail sur notre santé mentale. En France, en 2014, l'étude du cabinet Technologia estima à "3,2 millions le nombre de salariés français présentant un risque élevé de burn out, soit plus de 12 % de la population active", selon Vaincre le burn out.
La crise de 2020 n'a fait qu'exacerber ces problèmes. L'épuisement professionnel est (sans surprise) particulièrement répandu parmi les travailleurs de première ligne, surtout chez les infirmières et le personnel soignant. D'après Les Echos et selon une étude publiée fin mai par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), "47,1 % des jeunes praticiens interrogés présentent des symptômes d'anxiété, soit 15 points de plus qu'en 2017, 29,8 % montrent des symptômes de stress post-traumatique et 18,4 % des symptômes dépressifs. D'après l'Isni, les symptômes sont très présents chez les internes (qui représentent 44 % des médecins hospitaliers)". Avec le stress supplémentaire qu'apporte cette deuxième vague aujourd'hui, il se peut que ces chiffres augmentent drastiquement d'ici la fin de l'année.
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Mais lors du premier confinement, selon une étude OpinionWay réalisée par Empreinte Humaine, 44 % des salariés travaillant depuis chez elles·eux étaient en situation de détresse psychologique et près d'un français sur quatre s'est senti proche du burn out pendant le confinement dont 9 % l'ont réellement vécu, d'après une enquête de l’Institut CSA pour LinkedIn France. Sachant les difficultés que rencontrent les personnes en première ligne pour assurer notre sécurité et notre santé, il peut sembler étrange que celles et ceux qui restent à la maison aient également des difficultés, mais il semble que le stress et la pression constants de 2020 se répercutent sur tout le monde, à des degrés divers.
La rupture de communication avec les collègues a été un facteur majeur pour de nombreuses personnes en télétravail et comme toujours, de tels problèmes ne sont aggravés que lorsque vous faites parti d'une minorité. "Je suis épuisée et j'ai désespérément besoin d'une pause pour me déconnecter complètement", dit Aaliyah*, 29 ans, comptable et qui travaille chez elle depuis mars. "En tant que femme non blanche dans une entreprise technologique, il est déjà difficile de faire part de ses préoccupations à la direction, car on risque d'être considérée comme "difficile". Cependant, j'ai l'impression que mes inquiétudes concernant ma santé mentale et celle des autres employés tombent souvent dans l'oreille d'un sourd, sous prétexte que 'tout le monde est occupé'".
Peu importe où vous vous situez dans la structure de l'entreprise, le combat pour atténuer le burn out a ses propres défis uniques. Isabelle*, 37 ans, responsable des opérations, qui a pour mission de soutenir ses employé·es. "Je trouve difficile dans ma position, en tant que responsable de 100 personnes, de demander de l'aide. Mon travail consiste à aider les autres, pas l'inverse".
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Lors du premier confinement, les effets sur la santé mentale ont été ressentis davantage chez les femmes. Selon le rapport OpinionWay, "les femmes sont plus impactées par le confinement puisqu’elles sont 22 % à être en détresse élevée contre 14 % pour les hommes". Cette différence peut s'expliquer par le fait que les femmes ont tendance à s'occuper plus souvent de l'encadrement des enfants et du foyer que les hommes.
Et s'ajoute à cela, le temps de travail. Selon une étude Deskeo, les français·es travaillent plus depuis chez elles·eux qu'au bureau : "32% des personnes interrogées indiquent travailler sur des horaires plus élargis qu'en temps normal" et elles·ils sont "49% à ne pas consacrer de temps à une vraie pause déjeuner". Bien que beaucoup aient apprécié l'absence de trajets et un environnement de travail plus décontracté, cela peut signifier que le stress et la charge de travail se répercutent sur les heures de travail ultérieures, ce qui permet au burn out de s'installer. De plus, la journée de travail n'est pas aussi variée que celle que vous auriez pu passer à vous rendre au bureau, à déjeuner, à faire des courses et à vous socialiser. "Nos journées deviennent donc grisâtres et nos cerveaux brûlent et s'embrouillent à force d'être assis si longtemps devant un écran", a déclaré Lucy Fuller, psychothérapeute accréditée par le UKCP, au Huffington Post. "Nous sommes effectivement piégés dans cette façon de travailler sans perspective de fin précise".
Que pouvez-vous donc faire pour lutter contre ce phénomène ? Le Dr Sarah Vohra, psychiatre consultante à l'origine de The Mind Medic, a travaillé avec The Office Group, ainsi qu'avec les méditations OPO, pour trouver des moyens d'atténuer l'épuisement professionnel. Selon elle, il s'agit de rétablir ces limites du mieux possible.
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La première étape consiste à établir des distinctions claires entre vos routines de jour et de nuit. "Assurez-vous d'avoir des heures d'éveil et de sommeil cohérentes. Cela permet de réguler le rythme circadien de votre corps ou le cycle veille-sommeil sur 24 heures", dit-elle à Refinery29. "Des rythmes circadiens perturbés peuvent affecter à la fois la quantité et la qualité de votre sommeil, ce qui affecte non seulement votre niveau d'énergie, votre concentration et vos performances le lendemain, mais peut également avoir des implications à long terme sur votre humeur, avec des liens avec la dépression et l'anxiété".
En ayant des routines claires et en délimitant votre espace de travail et (surtout) vos heures de travail, vous éviterez de tomber dans le piège de travailler à chaque heure de la journée. Cela vous permettra également de fixer des limites sur votre temps d'écran et vous obligera à faire des pauses. Comme pour les troubles affectifs saisonniers, la lumière du soleil est également importante, tant pour votre rythme circadien que pour votre qualité de vie.
Il est également important de ne pas se surcharger - fixez-vous des limites pour vous-même et avec votre employeur. "Des études montrent que plus nous nous engageons dans plusieurs tâches simultanément, plus notre capacité d'attention est faible", explique Sarah. "Cela peut affecter la rapidité avec laquelle nous accomplissons nos tâches, avec le temps souvent perdu à passer d'une tâche à l'autre, ce qui nous rend moins efficaces et plus enclins à faire des erreurs". Ce manque d'efficacité aura un impact sur les heures de travail, ce qui signifie que le temps passé devant votre écran à essayer de travailler engloutira le temps que vous devriez passer à vous reposer, à prendre l'air ou simplement à vivre au-delà de votre travail.
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Surtout, apprenez à identifier chez vous les signes du burn out et accordez-vous une pause. Aussi indulgent que cela puisse paraître de travailler plus en période de pandémie mondiale, vous ne devriez pas vous pousser au-delà de vos limites pour autant.
*Les noms ont été changés.
Si vous avez besoin d'aide, Santé publique France a référencé des dispositifs d'aide à distance en lien avec la santé mentale proposant écoute et soutien par téléphone ou en ligne.

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