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Je ne veux pas inviter mon copain à Noël parce que ma famille me fait honte

Photo par Jill Burrows.
Dr Sheri Jacobson, psychologue à la retraite comptant plus de 17 ans d'expérience clinique et fondatrice de HarleyTherapy.com, répond aux questions qui nous préoccupent en privé.

Question :

Ça fait deux ans et demi que mon copain et moi sommes ensemble, et j'ai jusqu'à présent réussi à esquiver de passer les fêtes avec mon côté de la famille. On a passé 2019 séparément et 2020 ensemble, confinés et loin de nos familles respectives. Cette année, ma mère insiste pour qu'on passe Noël avec elle. 
Il a déjà rencontré mon père et ma mère à différentes occasions, mais on n'a jamais fait de grande réunion de famille et je ne veux surtout pas qu'il ait à subir ce cauchemar. 
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Le problème, c'est le comportement de ma famille. Je les aime, mais ils peuvent être très difficiles pour les gens de l'extérieur. Ils ont l'alcool mauvais, jugent énormément et sont à bien des égards l'opposé de mon copain. Il est gentil, calme et aimant et, même si je sais qu'il ne les jugera pas, je ne veux pas lui faire subir cela, surtout qu'il ne boit pas. Lorsque j'ai abordé la question avec lui, il m'a dit qu'il voulait être avec moi et que si ça impliquait d'être avec ma famille, eh bien tant pis.
Dans d'autres circonstances, nous pourrions peut-être repousser les vacances d'un an en passant ce Noël avec sa famille, mais ils vivent à l’autre bout du monde et prévoir de s'y rendre, avec la situation sanitaire qui se profile, semble risqué, voire impossible.
Que puis-je faire pour que les fêtes se passent le mieux possible ? Comment gérer les membres de ma famille difficiles sans isoler personne ni aggraver la situation ?
Kris, 28 ans.

Réponse :

Commençons par analyser votre réaction, car c'est ce sur quoi nous avons le plus d'influence. Tentez d'identifier l'émotion la plus forte ici (colère, gêne, anxiété, solitude, honte ?), puis cherchez les pensées qui se cachent là-dessous. Des pensées telles que "ça ne se passe jamais comme prévu" ou "ils s'en prennent toujours à moi" ou "c'est gênant parce que d'autres personnes sont bourrées et se ridiculisent". Il y a souvent une pensée "forte" qui nous met mal à l'aise dans la plupart des occasions, en particulier à Noël, car la récurrence des fêtes engendre les mêmes sentiments. Une fois que vous aurez creusé et identifié la pensée négative qui se cache derrière ce malaise, vous pourrez essayer de la combattre.
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Il s'agit souvent de modérer nos attentes afin de ne pas se faire une idée parfaite du temps passé ensemble, ce qui donne plus de latitude pour toutes les difficultés qui surgissent habituellement. Sachez que vous n'êtes pas seule dans ce cas - la période des fêtes peut être très conflictuelle ou solitaire pour beaucoup de monde. Malgré toutes les présentations merveilleuses et clichées de ce que devrait être Noël, la réalité est souvent bien éloignée de cela. C'est pourquoi tempérer nos attentes est souvent la meilleure chose à faire.
Vous dites que votre partenaire se fiche du comportement de votre famille, mais vous avez du mal à le croire. Souvent, lorsque nous entendons des choses comme "c'est pas grave, ne t'en fais pas", nous avons du mal à le croire parce que nous n'avons pas nous-mêmes analysé le processus de pensée. En l'occurrence, il s'agit de quelque chose comme "ma famille va me faire honte" ou "ma famille va faire fuir mon partenaire". Ou peut-être est-ce plus profond : "Mon partenaire verra le vrai côté négatif de ma famille et il pensera que je suis une extension de celle-ci, donc qu'il y a quelque chose qui cloche chez moi et que je ne mérite pas d'être dans une relation". Ce n'est manifestement pas le cas d'après ce qu'il vous a dit et c'est le genre de réflexion contre lequel vous devez lutter.
Au-delà de ce travail interne, il existe des moyens de gérer les commentaires critiques. Il y a souvent deux voies à suivre. La première est la communication : prenez un peu de temps avant l'événement pour parler aux personnes en question et leur faire savoir l'impact que leur comportement a sur vous. Il est essentiel que vous ne disiez pas que le comportement en lui-même est un problème, mais que c'est la façon dont vous le percevez. Par exemple : "J'ai remarqué que quand on se retrouve pendant les fêtes, vous avez tendance à boire et à hausser le ton. Dans ces moments-là, ça devient assez difficile pour moi d'être là. Je voudrais que vous sachiez l'impact que ça a sur moi et j'apprécierais vraiment qu'on parle des moyens d'atténuer ça, si vous êtes ouverts à cette idée." C'est très brutal. Souvent, mes clients ont du mal à être aussi directs et me disent que c'est une façon très américaine d'aborder les choses. Pas faux ! Vous pouvez toujours dire quelque chose de simple, comme "Je voulais juste vous dire que l'année dernière, je me suis sentie très mal à l'aise par rapport à la quantité d'alcool consommée", et voir ce qui en ressort. Si la personne est sur la défensive, qu'elle ne vous entend pas ou ne veut pas dialoguer, il est souvent préférable de ne pas continuer.
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La deuxième voie consiste à faire ce que vous pouvez pour gérer vos propres émotions et votre façon de voir les choses. Il s'agit en grande partie d'essayer de gérer la gêne et de contourner les critiques, mais seulement jusqu'à un certain point. Si vos proches deviennent agressifs, menaçants ou si vous vous sentez en danger, il est probablement préférable de prendre vos distances ou d'établir une limite forte en indiquant que vous ne pouvez pas tolérer cette situation et que vous devrez partir si ça continue.
Pour préparer quelqu'un à des événements tels que les fêtes de fin d'année, je commencerais par les classiques de la thérapie, à savoir poser des questions et écouter. Posez une question, comme "Comment tu le sens ce Noël toi ?". Écoutez, et laissez-vous guider par ce que la personne répond. Parfois, il s'agit nos réflexions que nous avons projetées sur l'autre personne. Dans le cas de votre partenaire, il semble que la perspective de se retrouver avec votre famille ne lui pose pas problème. Le but de la réunion est d'être ensemble. Le premier plan, c'est vous en tant que couple.
Une fois que vous avez demandé et écouté, vous pouvez donner votre avis. En dialoguant sans projeter vos sentiments, vous apprendrez peut-être que le problème n'en est pas un ou que la personne porte ses propres blessures ou traumatismes. Avec ce travail de préparation, vous pourrez vous appuyer sur votre partenaire si vous avez besoin d'aide dans cette situation. Bonne chance !

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