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Bientôt 30 ans et un peu perdu·e ? On vous aide à faire le point

À toutes les femmes qui approchent ou viennent de dépasser la trentaine :
Pratiquement toutes les semaines, je reçois un mail d'une femme qui a besoin de conseils, et c'est toujours un peu la même histoire. Elles sont au milieu de la vingtaine, et elles n'arrivent pas à choisir entre un travail qui les passionne et un travail qui paie bien. Elles veulent avoir un retour d'une femme de 30 ans qui « s'en est sortie ». Si on m'écrit à moi, c'est parce que je présente et produis une émission de cuisine, ce qui veut dire aussi que je fais possiblement rêver toute une génération de femmes en recherche de créativité et d'autonomie. Elles commencent par me demander s'il vaudrait mieux qu'elles percent par le biais de la communication, des médias ou « l'industrie de la food » comme on l'appelle aujourd'hui. En fait, je sens qu'elles en ont marre d'être enchaînées à leurs bureaux. Par contre, quand c'est mon tour de poser des questions, j'ai l'impression de choquer. « Est-ce que vous voulez des enfants ? Est-ce que le travail dont vous rêvez est réellement bon pour votre santé mentale ? Est-ce que vous tenez à être propriétaire d'une maison avec jardin ou est-ce que votre studio vous convient ?
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J'ai l'impression que je leur demande si elles veulent marcher sur la Lune.
C'est un peu comme si, à force de refuser la vie de nos mères et grands-mères, on était devenues ce genre de personnes qui veulent absolument tout, sans compromis. Comme si, dans notre lutte contre le patriarcat, on en avait presque oublié ce que ça coûtait de devenir adulte.
Quand on était ado, on croyait qu'on pourrait tout avoir. Qu'un jour, on saurait ce qu'on voudrait faire, et qu'il suffirait de suivre la voie royale qui nous mènerait à notre job de rêve, et que tout ça commencerait plus au moins à l'âge de 20 ans. Mais quand il s'agit de devenir adulte (soit plus ou moins d'avoir 30 ans et toutes ses dents), les choses nous paraissent tout de suite plus compliquées.
Je pense qu'il y a un problème structurel avec le rêve de liberté qu'on a vendu aux femmes. Dans une tentative de réparer les traumatismes de la génération précédente, on nous a demandé de nous concentrer sur notre carrière, d'être fortes et de travailler dur. Et le reste alors ? « Oh, ça suivra ! ». C'est là qu'on s'approche de la trentaine et qu'on se met à flipper d'être toujours célibataire et sans enfants. Surtout quand on n'a pas une carrière éblouissante qui pourrait venir justifier tout ça.
C'est comme si on nous rabâchait constamment qu'on était « jeunes » et qu'on devrait se concentrer exclusivement sur nous-même, jusqu'au jour où tout le monde s'étonne qu'on ne soit pas encore « casée ».
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Ce n'est que récemment que j'ai pris conscience de ça. J'ai vu des amis emménager dans des villes qu'ils détestent juste pour décrocher un travail. J'ai vu des gens tout plaquer pour faire des enfants, puis se demander par la suite comment faire pour reprendre le chemin du travail dans une industrie qui n'embauche plus, ou qui change très vite. Ou encore des gens qui regrettent de ne pas avoir congelé leurs ovules alors qu'ils savaient qu'ils voudraient des enfants. Et qui se demandent maintenant pourquoi elles ont enchaîné les relations douteuses avec des mecs qui ne leur convenaient pas. Ou des histoires se terminer après des années, parce que l'un a fini par avouer qu'il ne voulait pas d'enfants.
Une carrière ne se construit pas dans un isoloir, c'est-à-dire indépendamment du reste. Créer les conditions qui soutiennent votre carrière, ça doit être ça aussi votre but, pas seulement de décrocher un job en or. La société a tendance à définir le succès en termes de paliers et de valeurs absolues. Or, c'est à vous de décider à quoi ressemble le succès pour vous. A force de se refuser à planifier l'avenir – parce que vous voulez vous fermer aucune porte par exemple – vous risquez de vous retrouver à mener une vie qui ne vous ressemble pas. Être adulte ne répond à aucune définition, si ce n'est d'être en mesure de définir la trajectoire qui vous conviendra le plus. Et d'être capable de s'y tenir - ou de la reconsidérer si nécessaire.
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Certes, on ne peut pas planifier sa vie à 100%. Je ne suis pas en train de vous dire de penser à la retraite à l'âge de vingt ans. Mais pour ce qui est des valeurs qui vont guider votre vie, je suis d'avis que ça se « décrète », par exemple en faisant le point sur votre situation à l'instant T.
Justement, il est temps de vous lancer dans un petit exercice. Une sorte de liste à puce. Prenez ces questions par exemple :
* Est-ce qu'il y a une femme dans votre industrie qui a une vie qui vous conviendrait ? Êtes-vous prête à travailler aussi dur qu'elle pour y arriver ?
* Est-ce que votre carrière est compatible avec le schéma familial dont vous rêvez - exemple : est-ce que votre travail est compatible avec le fait d'avoir des enfants ?
* Est-ce que vous pensez pouvoir obtenir le travail de vos rêves dans une ville que vous aimez ?
* Est-ce que vous pensez pouvoir gagner suffisamment d'argent dans la carrière que vous poursuivez ? Sans penser au salaire de la personne avec qui vous vivez - qui pourrait disparaître du tableau. Est-ce que cet argent suffirait ? Le mot-clé ici c'est « suffirait ». Certes, on veut tous plus d'argent, mais à quel point est-ce que cet aspect est important pour vous ?
* Est-ce que vous pensez vous marier ou passer un bon bout de temps avec la personne avec qui vous êtes en ce moment ?
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Si vous voyez un « non » quelque part, c'est qu'il est temps de repenser votre stratégie. Je ne pense pas qu'on puisse attaquer la trentaine avec sérénité sans y avoir pensé un minimum au cours de sa vingtaine, même chose pour la quarantaine, la cinquantaine etc.
Ça ne veut pas dire que vous devez quitter votre boulot, là tout de suite. Le monde est plein de femmes au parcours atypique, comme from Jacinda Ardern par exemple, qui a eu son premier enfant tandis qu'elle était (et est toujours) premier ministre de la Nouvelle Zélande. Ou Oprah Winfrey qui a décidé de renoncer à la maternité pour se concentrer sur sa carrière. Mais je pense qu'il faut justement être conscient de ce qu'on attend de la « vie adulte » pour bien la vivre. Visualiser la lumière au bout du tunnel pour mieux guider vos pas. À quels sacrifices êtes-vous prête ? À tout moment, j'essaie de me demander si ce que je fais aujourd'hui me mènera quelque part. Vers quoi ? Est-ce que ces horizons – car il y en a toujours plusieurs – me plaisent réellement ?
Ça vaut aussi pour les relations amoureuses. Je ne vous dis pas de vous dépêcher de vous marier – ni même de vous marier tout court – mais d'arrêter de perdre votre temps avec des personnes qui vous conviennent juste « pour le moment ». J'en ai marre de me rendre au mariage de ces couples de 32 ans qui ont l'air de se marier juste pour ne plus avoir à chercher. Une relation épanouissante tombe rarement du ciel. N'ayez pas honte de parler de vos projets de mariage ou d'enfants à 24 ans. Et si vous n'êtes pas prête pour ça, et bien pensez à faire congeler vos ovules. Ne renoncez pas à ce que vous voulez - même si vous n'en êtes pas sûre à 100% – juste pour arranger tout le monde (et le regretter ensuite). Même chose pour vos amitiés : arrêtez d'aller à l'anniversaire de cette nana ou de ce type que vous ne verrez plus le jour où ils auront déménagé dans une autre ville. Aidez-vous à atteindre vos objectifs en vous entourant de gens avec qui vous envisagez les choses sur le long terme.
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Vous avez sûrement l'impression que vous avez encore beaucoup de temps pour décider de tout ça, et que vous feriez mieux de voyager et prendre une année sabbatique avant de réfléchir à tout ça. Oui, vous avez encore le temps de tout recommencer. En théorie, on peut refaire sa vie à tout moment. Mais je pense que beaucoup de déceptions pourraient être évitées si on était un peu plus au clair avec soi-même. On peut consciemment décider de prendre son temps et de rater des opportunités par exemple. Mais sachez que vous êtes sûrement en train d'en perdre, par les choix que vous évitez de prendre, et vérifiez que vous êtes bien à l'aise avec ça.
Maintenant, laissez-moi vous révéler un terrible secret : vous ne vous sentirez jamais comme une adulte. Demandez à vos parents. Ils vous diront sûrement qu'ils se sentent toujours comme des vingtenaires ou trentenaires, dans un corps plus âgé. Vous vous souvenez de votre premier emploi – de ce que vous vous disiez à l'époque ? « Fais comme si tu savais et le reste suivra. » C'est la même chose avec des enfants. Ou quand vous obtenez une grosse promotion et devez manager une équipe de cinq personnes pour la première fois. Ou quand votre dos commence à vous faire souffrir. Ou quand vous avez vos premières rides mais que votre acné n'a pas disparu. Personne n'est préparé pour ça. Donc si vous avez lu tout cet article en vous disant « j'y reviendrai quand je serai vraiment prête pour penser à ça », laissez-moi vous dire une chose : vous ne serez jamais vraiment prête. Ça m'arrive parfois de me demander si les gens pensent que je suis la baby sitter de mon fils. Alors que non, objectivement, j'ai tout à fait l'âge et la tête de l'emploi pour être une maman. Le pire, c'est quand on m'appelle « Madame ». C'est normal de se sentir comme un imposteur de temps à autre. Acceptez ce sentiment comme le signe que vous êtes en train d'évoluer, tout simplement.
Écrivez vos rêves noir sur blanc et toutes ses choses que vous souhaiteriez atteindre dans les années à venir. Quittez ce mec que vous ne comptez pas épouser ni même présenter à vos parents. Demandez une augmentation ou changez de travail si vous pensez que vous êtes en train de perdre votre temps.
Pensez aux options qui s'offrent à vous dans la ville de vos rêves. Posez-vous les questions qui fâchent. Parce qu'une chose est sûre : le monde n'attendra pas que vous vous sentiez enfin adulte pour vous traiter comme telle.

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