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Portraits intimes des aîné·e·s de la communauté trans

Angela, 2015
La langue suédoise dispose d’un pronom de genre neutre : 'hen'. Hen est également le titre de la nouvelle exposition de l’artiste de 26 ans Bex Day, qui relate l'expérience de membres de la communauté transgenre et non-binaire.
Au travers des récits de 30 personnes de plus de 40 ans, cette exposition affiche les portraits saisissants de personnes que Bex a rencontré durant les trois années qu’il a fallu à la création de son projet. « Il n’y avait – et il n’y a toujours pas – assez de visibilité pour les personnes de la communauté transgenre dans les médias, » confie Bex à Refinery29. « Je voyais bien que toutes les personnes impliquées avaient des histoires fascinantes, tout particulièrement les professeurs comme Stephen Whittle (OBE), co-fondateur du groupe activiste trans Press For Change, avec qui nous nous sommes associés pour Hen. »
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Irene, 2015
Ses photographies sont accompagnées d’un court-métrage qui, comme l’explique Bex, lui a permis ainsi qu’à son co-metteur en scène, Luke Sullivan, d’aller plus loin dans le partage d’expériences qui sont rarement mises à l’honneur en dehors de la communauté, et de créer un sentiment d’intimité grâce à des interviews nous invitant dans le quotidien des participants. Mais une prise de conscience et une plus grande compréhension semblent se profiler à l’horizon. « Lors des interviews durant l’élaboration du projet, il est devenu évident que c’était moins l’aspect genre/transgenre qui avait de l’importance, mais plutôt l’identité des personnes. C’est cela que nous voulions montrer dans le film Hen, » explique Bex.
Le vernissage de Hen a eu lieu le 1st April, un jour après La journée internationale de la visibilité transgenre. Une partie des ventes était reversée aux œuvres caritatives partenaires Stonewall Housing et Press For Change. Refinery29 s’est entretenu avec Bex qui, entre des campagnes de financement participatif et son exposition, a quand même pris le temps de partager avec nous les coulisses de Hen – la situation dans son ensemble, l’importance de la discussion et les personnes fantastiques à qui elle a pu donner une voix dans la foulée.
Matt, 2018
Vous avez mentionné avoir travaillé sur Hen pendant trois ans. Qu’est-ce qui vous a initialement poussé à le faire ?
J’ai été frappée par l’absence des aîné·e·s trans dans les médias et je voulais leur donner une voix et de l’importance. Je me suis concentrée sur les personnes transgenres et non-binaires de plus de 40 ans.
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J’ai fait l’expérience de stéréotypes de genre lorsque j’étais enfant. On pensait que j’étais un garçon et que mon frère était une fille ; je ne me suis jamais réellement intéressée aux Barbies ni à la couleur rose. Je remets en question la notion qui voudrait que les femmes ne doivent pas avoir de traits féminins et inversement. Cela n’a évidemment rien à voir avec le fait d’être transgenre, mais c’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser à la communauté trans. Ce sont ces idées bien arrêtées, présentes dans de nombreuses cultures, qui sont à l’origine d’une étroitesse d’esprit imposée à de nombreuses personnes et je voulais en venir à bout avec ce projet.
Avez-vous remarqué de réels changements au cours des dernières années dans la manière dont le genre est abordé ? On revient certes de loin, mais pensez-vous que les mesures prises par la société sont suffisantes ?
Je crois qu’il y a eu des améliorations, mais il est important de prendre des mesures supplémentaires. C’est aussi pourquoi ce projet me tenait tant à cœur. Laurie Penny m’a beaucoup influencé dans ce domaine. Dans son livre, Bitch Doctrine, elle écrit : « Il est possible que la génération née aujourd’hui grandisse avec des idées différentes, pas seulement sur l’égalité femmes/hommes, mais aussi sur le fait que le genre n’est pas la part la plus importante de l’identité. Cette idée gène encore bon nombre de personnes. » Ce que j’essaie de comprendre, et ce sur quoi repose une grande partie de mon travail, c’est : pourquoi avons-nous besoins des étiquettes femme et hommes ? Tout le monde mérite le respect un point c’est tout.
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Dan, 2018
Pourquoi avez-vous fait le choix de vous concentrer sur les personnes de plus de 40 ans ?
Il n’y a pas suffisamment de reconnaissance envers ces personnes, leurs histoires et leur passé, ce qui serait pourtant d’une grande aide à la jeune communauté trans et leur fournirait un espace où ils pourraient échanger en toute sécurité. Un grand nombre des participants m’ont rapporté qu’ils n’interagissaient que très rarement avec les personnes de la communauté trans plus jeunes ce qui est extrêmement dommage. Je pense qu’il est primordial de partager le savoir de la communauté trans et de renforcer l’éducation en termes de soutien de feedbacks intergénérationnels.
Y a-t-il quelque chose que vous ayez appris ou que l’on vous a dit durant votre parcours avec Hen qui vous ait touché ?
L’un de mes meilleurs moments a été avec Irene, l’une des premières personnes que j’ai photographiées pour Hen en 2015 a été une grande source d’inspiration pour moi, car elle mène sa propre psychanalyse et je m’intéresse beaucoup à la psychologie. Steph m’a beaucoup appris durant sa transition pour devenir une femme puis dans le sens inverse (en raison de complications avec sa fille et son ex-partenaire). Il est une réelle source d’inspiration, car il a presque tout perdu et a dû repartir à zéro.
Sameer, 2018
Durant la plus grande partie de leur enfance, il n’existait pas suffisamment d’aides ou de conversations honnêtes sur l’identité ou la santé mentale. Pour la plupart, elles·ils se sont senti·e·s aliéné·e·s durant leur enfance et se sont tournés vers les études. Dan, qui est diplômé d'Oxford, se décrivait comme « un cerveau dans une cuve » avant sa transition ; il avait un sentiment d’aliénation par rapport à son corps et s’est concentré sur ses études. Il ne savait pas comment poser un nom sur ce qui lui arrivait, car il n’existait pas de communauté en ligne pour le guider.
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Zoe, 2018
Stephen Whittle avait l’habitude de se rendre à la bibliothèque durant ses études et dévorait tous les livres de médecine disponibles. Il nous a avoué : « Lorsque j’avais 15 ans, je me souviens avoir lu la description de ce qu’était une « lesbienne butch » et m’être dit, je n’ai pas l’impression que cela me corresponde… C’était difficile de savoir où je me situais. Nous avions l’habitude d’aller chez ma grand-mère tous les dimanches et elle lisait News of the World, un journal qui publiait des articles sur des personnes qui avaient changé de sexe. Je lisais ce journal en le cachant dans le Daily Express pour ne pas qu’on voit de quoi il s’agissait. Ma mère m’a avoué des années plus tard qu’elle savait très bien ce que je lisais en réalité. »
Melody, 2018
Je dois dire que d’avoir travaillé avec la communauté des aîné·e·s, m’a permis d’apprécier le chemin parcouru – nous avons de la chance d’avoir à notre disposition un si grand nombre d’établissements de santé mentale, et d’avoir internet à note disposition pour améliorer la façon dont on comprend certains sujets. J’ai le sentiment que nous sommes beaucoup plus libres de comprendre nos identités et de les exprimer librement, il existe des espaces sûrs pour communiquer sur ces sujets, ce qui n’était malheureusement pas le cas pour beaucoup des personnes que j’ai photographiées.
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