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Comment dire « oui » plus souvent : parcours d’une introvertie

Photo by Zhafran Hariz / EyeEm.
« Je suis une introvertie qui passe pour une extravertie » : voici un auto-diagnostique de plus en plus courant. On peut parfois avoir l’impression que c’est une excuse pour rester sur son canap’ plutôt que d’aller prendre un verre après le boulot. L'introversion, la vraie, va bien au-delà d’avoir besoin de temps pour soi, pour recharger ses batteries. L’introversion, c’est un trait de caractère qui implique de ne pas pouvoir supporter de stimulations sur une longue durée. Mais on peut se demander dans quelle mesure ce trait est rigide. Voici la question à laquelle tente de répondre Jessy Pan — qui se décrit comme une introvertie timide — dans son dernier livre.
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Sorry I’m Late, I Didn’t Want to Come (désolée je suis en retard, je ne voulais pas venir) raconte l’année durant laquelle Jessy s’est forcée à faire des choses qui donneraient des cauchemars à n’importe quel introverti : parler à des inconnus (dans le métro), voyager en solo (vers une destination surprise) et faire du stand-up. Ce qui a poussé Jessy à se lancer, c’est lorsqu’elle a réalisé qu’elle était sans emploi, qu’elle n’avait que très peu d’amis et qu’elle disait non tellement souvent qu’elle avait l’impression de vivre dans un monde toujours plus restreint.
L’un des premiers défis de l’auteure consiste à poser une question un peu bête. Cela permet d'apprendre à se sentir à l’aise avec des personnes qu'on ne connait pas, et de dépasser sa peur de passer pour un·e imbécile. C’est très gênant, mais cela aide également à relativiser et à réaliser que le monde ne va pas s’écrouler si l’on brise les codes sociaux. Elle nous raconte comment elle s’est retrouvé à devoir prendre la parole devant un public d’une centaine de personnes, à faire le premier pas pour trouver des amis grâce à la fonctionnalité de l’appli de rencontre Bumble BFF, et même à prendre des champignons hallucinogènes dans une forêt de Bulgarie.
À l’image de son auteure, le récit est drôle et chaleureux, ponctué par une juste dose d'autodérision. Les mots d’encouragement qu’elle s’adresse avant chaque défi capturent parfaitement l’esprit inconfortable mais drôle du livre. Ses conclusions donnent — aux introvertis comme aux extravertis – matière à réfléchir sur leur façon d'interagir avec les autres. Ce livre est riche en apprentissages : « La clé du charisme, c’est de s’aligner sur l’énergie de la personne en face de vous » et « le networking, c’est le fait de donner et non de recevoir. »
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L’année écoulée, Jessy ne s’est pas transformée en extravertie (elle avoue qu’elle préférera toujours les discussions en tête-à-tête, et on ne risque pas de la croiser à un festival de sitôt). Mais en laissant de la place au hasard, elle a pu élargir sa perspective du monde. Elle s’est fait de nouveaux amis, elle s’est découvert un nouveau hobby (l’impro, excusez du peu) et a développé sa confiance en elle et ses capacités de communication. Elle partage quelques-unes de ses découvertes avec nous.
Prendre soin de soi
Quand on dit non à une sortie, difficile de dire si c’est pour prendre soin de soi ou si c’est par simple fainéantise. Il faut procéder au cas par cas, mais je crois qu’il reste important d’annuler lorsqu’on se sent anxieux ou dépassé par d’autres événements. Mais je sais également que parfois, sortir et voir du monde m’aurait fait le plus grand bien. Je crois qu’il serait plus utile d’essayer de décider si on a envie de faire quelque chose au moment où on nous le demande.
Se faire des ami·es
En amitié, il faut faire le premier, voire même le second pas. J’ai remarqué que je matchais avec des femmes que je trouvais très cool sur Bumble BFF, mais on arrivait toujours à ce moment un peu gênant où aucune de nous n’osait inviter l’autre à sortir. Pourtant, lorsque je me lançais et faisais le premier pas, la réponse était en général très positive ! » Ensuite, si vous avez des affinités avec une personne, proposez lui de vous revoir. Ce n’est pas toujours facile de trouver une personne avec qui on s’entend bien, alors si passer un bon moment avec quelqu’un, cela ne coûte rien de l’inviter à sortir de nouveau.
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Le networking
Il ne faut jamais arriver trop tard à un événement de networking, car on peut très vite avoir l’impression que tout le monde est déjà en pleine conversation et on peut facilement se sentir à l’écart. En arrivant tard, vous n’avez pas le temps de vous faire la main avant de rencontrer du monde. Ce que je trouve utile, c’est de toujours prévoir un plan de sortie. Ainsi, si ça se passe mal, vous n’avez plus qu’à partir.
Un bon sujet de conversation
On compte parmi les sujets de conversation légers le temps, le trajet en métro, la journée de travail... Les sujets plus profonds sont nos désirs, nos vulnérabilités, nos rêves… Pour ce qui est du networking, on a tendance à s’en tenir aux sujets légers. Je ne dis pas qu’il faudrait parler de ses peurs les plus profondes avec une personne que l’on vient de rencontrer, mais montrer de l’intérêt pour d’autres aspects de leur vie en posant des questions plus réfléchies permettra 1) d’obtenir plus d’informations sur cette personne et 2) de créer un lien plus profond. Chaque jour, je me demande comment aborder la conversation. Je vais me demander si j’ai envie d’approfondir les liens avec cette personne. S’il s’agit de mon comptable, peut-être pas.
Parler aux inconnus
C’est toujours une bonne idée de commencer avec un compliment. Quand je vois une femme qui porte des chaussures, un sac à main ou même un rouge à lèvres qui me plait, je le dis (je ne le ferai probablement pas avec un homme. J’aurais trop peur qu’il pense que je le drague et je suis mariée). Ou alors dans une situation partagée — comme à l’aéroport si votre vol a du retard et que tout le monde est d’une humeur déplorable — ce serait plus sympa d’avoir quelqu’un avec qui discuter et se plaindre de la situation. Souvent, il suffit d’initier.
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Parler en public
M'entraîner à parler devant quelqu’un était une étape très importante pour moi. On se sent tout de même anxieux de voir leur regard posé sur nous, mais cela permet de dissiper quelque peu l'anxiété de se sentir observé et jugé avant la vraie épreuve.
Faire semblant jusqu’à ce que ça devienne une seconde nature
Des études psychologiques montrent que passée la barre des 30 ans, notre personnalité cesse d'évoluer. Lorsque j’ai lu ça, j’ai été dévastée, car je me suis dit que je devrai vivre avec mes insécurités et mon anxiété jusqu’au bout. Mais Brian Little, qui est psychologue, explique que la personnalité est influencée à la fois par l’inné et l’acquis. Il est tout à fait possible de faire évoluer sa personnalité avec ses actions, et pour moi ça, c'est tout ce qu’il y a de plus logique. Lorsqu’on se force à faire des choses qui nous font peur, on change, c'est sûr. Le changement est dans la nature humaine et parfois, on n’est pas la meilleur juge pour savoir ce qui est bon pour nous.
Sorry I'm Late, I Didn't Want To Come de Jessica Pan est maintenant disponible

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