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La vidéo d’une femme autochtone mourante insultée par les soignants indigne le Canada

Photo: Getty Images.
Une vidéo choc a fait surface mardi 29 septembre, dans laquelle on peut entendre le personnel d'un hôpital au Québec, harceler une femme indigène sur son lit d'hôpital. Dans la vidéo, Joyce Echaquan, une femme de 37 ans apppartenant à la communauté Atikamekw de Manawan, apparaît visiblement perturbée alors que le personnel hospitalier insulte son intelligence et ses qualités de mère. 
Joyce Echaquan, une mère de sept enfants, souffrait de douleurs à l'estomac lorsqu'elle s'est rendue à l'hôpital de Joliette, à environ 72km de Montréal, lundi. Dans un état de grande vulnérabilité, elle a lancé un Facebook Live depuis son lit d'hôpital pour documenter les railleries dont elle était victime de la part du personnel hospitalier. Ce dont elle ne se doutait probablement pas, c'est qu'elle filmait alors ses derniers instants ou que ces insultes racistes allaient être les dernières choses qu'elle serait forcée d'entendre dans ses derniers instants.
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Dans l'audio, on entend une infirmière se moquer d'Echaquan en lui demandant "As tu bientôt fini là ?" Les infirmières continuent avec des remarques cruelles, notamment en affirmant qu'Echaquan est "épaisse en câlisse" (épais signifie bête en québécois). Elles accusent ensuite Echaquan de faire de mauvais choix et lui demandent ce que ses enfants penseraient d'elle en la voyant comme ça. 
Entre les injures à caractère racial du personnel de l'hôpital, on entend Echaquan gémir de douleur. Tragiquement, Joyce Echaquan est décédé plus tard à l'hôpital.
Après sa mort, le premier ministre du Québec, François Legault, a fait une déclaration publique condamnant les remarques "racistes" du groupe d'infirmières qu'il qualifie d'"inacceptables" et s'engage à ce que la mort d'Echaquan fasse l'objet d'une enquête approfondie. Depuis le 30 septembre, le bureau du médecin légiste et le conseil de santé local du Québec ont ouvert une enquête sur les circonstances de la mort de Joyce Echaquan. Depuis, une seule des infirmières entendues dans la vidéo a été licenciée. 
Les peuples autochtones et leurs alliés réclament justice. Marc Miller, le Ministre des Services aux Autochtones, a mentionné que des scénarios comme celui-ci sont la raison pour laquelle les populations autochtones "ne se sentent pas à l'aise à l'hôpital". Il a déclaré que ce n'est pas un événement isolé mais qu'il fait partie d'un "modèle de racisme" plus large.
Un sentiment similaire a été exprimé par le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, qui a déclaré que la discrimination est répandue dans le système de santé. Le défenseur des Premières nations canadiennes a tweeté "Joyce Echaquan, une jeune femme Atikamekw, est morte alors qu'elle était confrontée à des insultes incroyablement racistes et insensibles de la part du personnel de santé du Québec. La discrimination à l'égard des Premières nations reste très répandue dans le système de santé et il faut que cela cesse".
Malheureusement, il ne s'agit pas d'un événement isolé. Au début de l'année en Colombie-Britannique, le personnel hospitalier aurait parié sur le taux d'alcoolémie des patients autochtones de l'hôpital. Selon un rapport de 2015 intitulé "First Peoples, Second Class Treatment" (Premières nations, traitement de seconde classe), le racisme à l'encontre des autochtones au sein du système de santé canadien a contribué à la mauvaise santé de la communauté. La mort d'Echaquan met en lumière le racisme systémique qui sévit au Canada à l'égard des peuples des Premières nations dans le système de santé et au-delà.
La présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Lorraine Whitman, a rappelé "l'horreur" d'entendre Echaquan appeler à l'aide. C'est avec dégoût que nous avons entendu une infirmière, une femme qui était censée s'occuper d'elle, proférer des insultes raciales plutôt que de lui venir en aide", a-t-elle déclaré avant de se demander combien d'autres femmes autochtones sont "soumises à ce genre d'abus" au Canada mais n'ont pas "le courage ou les moyens de filmer leur détresse".

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