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J’ai été toute seule à un festival – voici mon expérience

Photo Courtesy of Flow Festival / Samuli Pentti.
Je voyage en solo plus souvent que j'aimerais l'avouer, parce j'imagine toujours que les gens pensent que c'est parce que je n'ai pas le choix. Et même s'il y a un stigma sur le fait de voyager seul·e, je suis sûre que les gens sont aussi capables de se rendre compte du courage que ça prend de partir sans personne pour vous accompagner.
Voyager seul·e est une expérience à part, et je ne suis pas la seule à le dire. D'ailleurs, la tendance est à la hausse. La preuve : les recherches sur Pinterest ont augmenté de 600% en 2018, et c'est justement ce qui m'a poussé à sauter le pas. Il y a quelques semaines donc, j'ai pris la décision d'aller seule à un festival.
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Comme beaucoup de Britanniques, je vais à des festival depuis que je suis ado. J'ai déjà fait le Glasto, Green Man et Benicassim. Mais jamais un festival seule. Je me disais qu'aller à un festival seule serait un peu comme de tromper mes amis. A tous les coups, je serai rentrée dans l'un d'entre eux dans la foule. J'ai hésité à aller à un festival aux States, mais franchement vu leur hospitalité, ça aurait été trop facile. Donc j'ai décidé d'aller au Flow Festival à Helsinki, en Finlande.
La culture finnoise se prête bien à la solitude. 20% de la population vit seuls. Le mariage est en déclin, la majorité du pays est sécularisé et aller au sauna seul ne choque personne. Transpirer tout seul dans le noir ? Rien de plus normal ! Apparemment, il y aurait plus de 2 millions de saunas en Finlande, pour 5.3 millions d'habitants. Sur une note positive, la Finlande est extrêmement sûre pour les femmes, qui représentent 52.5% de la population.
Lancé il y a plus de 15 ans, le festival Flow a démarré avec 200 personnes et une centrale électrique. Aujourd'hui, il accueille plus de 84,000 personnes, dont 80% de Finlandais. L'autre chose qui m'a motivée, c'est que la line-up était majoritairement féminine ou non-binaire à 65%, avec des artistes solo comme Erykah Badu, Nao, Mitski, Solange et Robyn. J'avais l'impression qu'iels m'inspireraient à m'assumer seule.
Jour 1
Sur le vol aller, un couple m'a demandé si on pouvait échanger de places pour qu'ils soient assis ensemble. Prends ça dans les dents. Et il n'était même pas 8 heures. Une fois là-bas, je me suis jetée sur mon lit deux places. Ça allait être un long week-end, et je me sentais plus seule que jamais.
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Je me suis rendue à Löyly, un sauna construit sur les rives de la mer Baltique. Comme je l'avais anticipé, là-bas, personne ne vous regarde bizarrement parce que vous êtes seule. Tout le monde respecte que vous n'avez pas envie de discuter pendant que vous suez à grosses gouttes. Au bout d'un moment, j'ai fini par être agacée par cette fille qui tapotait la surface de l'eau avec ses pieds et suis rentrée à l'hôtel.
Jour 2
Au fait : de tous les repas, prendre son petit-déjeuner seul est le plus facile à assumer. Personne ne m'a dévisagé du regard.
Photo Courtesy of Flow Festival / Samuli Pentti.
Une fois sur place, j'étais contente de voir que je n'étais pas la seule... à être toute seule. Bon, pour être honnête, la plupart se sont fait rejoindre par la suite. Plus la tension montait, puis je me souvenais que j'étais de toutes façons trop indépendante pour attendre les autres. Que ce soit attendre à la sortie des toilettes, ou écouter un groupe à contre-coeur - juste parce que le copain hipster d'une copine a dit que c'était un « must-see ». Je l'avais trop fait et ça me frustrait plus qu'autre chose.
Autre bénéfice : je ferais plus attention à ma consommation d'alcool, sachant que personne ne serait là pour veiller sur moi. D'habitude, j'étais déjà ronde à 16h de l'aprem. A 18h, j'ai réalisé que les seules personnes avec qui j'avais parlées étaient celles à qui j'avais commandé à manger. Comme je suis blonde et que j'ai la peau pâle, beaucoup pensaient que j'étais Finlandaise, donc je m'intégrais bien à la population.
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Au bout d'un moment, j'ai réalisé que je m'étais trompé de groupes. C'est là que j'ai regretté de ne pas être avec cet ami mélomane, qui aurait tout de suite reconnu mon erreur. Je me suis donc dépêchée de rejoindre le devant de la scène où jouait Erykah Badu - facile, quand on est seule - puis je suis restée au même endroit pour Solange et Honey Dijon. Honnêtement, c'était tellement sublime que j'ai complètement oublié que j'étais seule.
Jour 3
Juste avant le festival, je suis allée en bord de mer. Le port de plaisance est rempli de cafés mignons où on peut prendre un bon petit-déjeuner. Puis j'ai pris un de ces bateau qui vous font faire le tour des îles environnantes. Premier arrêt : Vallisaari, une petite île tout en relief qui offre de super parcours de randonnée et prise de vue sur la capitale. Lonna elle abrite un sauna en haut de ses collines. Dans cette ambiance presque contemplative, rythmé par des bruits d'eau et le rire des enfants, je n'avais absolument pas envie de parler à qui que ce soit. J'étais bien.
Photo Courtesy of Konstantin Kondrukh / Flow Festival.
Une fois au festival, je me suis mise à observer les gens, juste comme ça. J'avais tellement peu bu que j'étais sûrement la personne la plus lucide de toute l'assistance. Observer les dynamiques entre les gens et des Finlandais devenir de plus en plus soûls était franchement divertissant. Quand j'en ai eu assez, j'ai décidé de m'offrir un massage des épaules. Normalement, je passe à côté de tout ça en festival, de toutes les activités connexes comme les cours de yoga, les massages etc. Puis j'ai assisté au show de Seinabo Sey, un chanteur suédois récompensé aux Grammy Awards, puis Nao, nominé au Mercury Prize, et enfin Robyn, qui a hypnotisé tout le monde. On était tous réunis sous une tente, ce qui m'a aidé à me sentir en communion avec la foule.
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Jour 4
Ma journée a commencé avec le show de Mitski (très réussi), puis la chanteuse de pop rebelle Tove Lo, acclamée par une foule immense. Puis j'ai décidé de soutenir un groupe anglais appelé London MC Flohio. Lorsque le groupe s'est mis à expliquer des expressions anglaises à la foule, je me suis sentie tout de suite plus proches de mes voisins de gauche, aussi britanniques.
En termes de nourriture, au festival Flow, prêt de 50% de l'offre est végane/végétarienne. C'est super en théorie, sauf quand vous vous retrouvez à payer un hotdog 10 €, qui s'est avéré être une carotte dans du pain pas terrible. La soirée s'est terminée en beauté avec James Blake, qui prêchaient des convertis sur les dangers de la masculinité toxique, après quoi je me suis faite réveillée par une Nina Kraviz en feu.
Photo Courtesy of Flow Festival / Petri Anttila.
En résumé, je dois dire que la programmation était tellement bonne que je n'ai pas vraiment eu le temps de m'observer moi-même. Je n'ai pas envie une seule fois d'infiltrer un groupe d'amis, ce que j'ai souvent envie de faire quand je voyage en solo. Si je suis contente de mon expérience ? Oui. Et si je recommanderais le festival ? Oui, à 100%. A la fin des quatre jours, je me sentais aussi rassasiée qu'après 4 jours passés à visiter des expo non stop. Si j'aurais passé un meilleur moment avec des amis ? Je pense que ça n'est pas comparable. Je pense que si j'avais été avec des amis, on aurait eu une expérience complètement différente, par exemple parce que j'aurais beaucoup plus bu. Certes, j'étais fatiguée d'avoir beaucoup marché, mais ça n'était pas du tout comparable aux gueules de bois légendaires que je me coltine d'habitude.
Un petit bémol néanmoins : j'ai passé beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, à documenter tout ce que je faisais. Ça m'a fait du bien, et ça m'a permis de partager ça avec les autres indirectement. Je pense que j'aurais eu bien plus de mal à passer ses 4 jours seule sans mon compte Insta, WhatsApp et co.
La prochaine fois peut-être...

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