À partir du 13 avril et pendant une période de 30 jours, les musulman·e·s du monde entier participent au mois sacré du Ramadan. Cette période religieuse, qui marque le neuvième mois de l'année islamique, implique un jeûne du lever au coucher du soleil, conformément au quatrième pilier de l'islam.
Malgré ce que beaucoup de non-musulman·e·s peuvent croire, le Ramadan est bien plus qu'une abstention de nourriture et de boisson. Ce mois donne aux musulman·e·s l'occasion de renforcer leur relation non seulement avec Dieu et leur foi, mais aussi avec le reste de la communauté musulmane. En général, le Ramadan met l'accent sur l'union, les musulman·e·s se réunissant non seulement pour les prières quotidiennes à la mosquée, mais aussi pour célébrer la fin du jeûne (Iftar) chaque soir avec leurs ami·e·s et leur famille.
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Mais une fois encore, ce Ramadan devrait être sensiblement différent des festivités habituelles. Les restrictions actuelles signifient que, pour la deuxième année consécutive, les musulman·e·s de France et d'un certain nombre d'autres pays doivent s'adapter pour célébrer le Ramadan en confinement. Bien que les mesures de confinement s'assouplissent et ne soient pas exactement les mêmes qu'au premier, il existe toujours d'énormes limites à ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire pendant le Ramadan.
Chez moi, le Ramadan a toujours été célébré avec la famille au complet, y compris mes grands-parents et mes cousines. Avec le temps, c'est devenu une tradition : mes cousines et moi passions les longues nuits à nous tenir compagnie jusqu'au Suhoor (début du jeûne au lever du soleil) et les après-midi à préparer des dattes enrobées de chocolat et des samosas pour l'Iftar. Notre dîner était toujours chaotique, car des dizaines de personnes se rassemblaient autour de la table, attendant avec impatience que l'Adhaan (appel à la prière) commence et marque la fin d'une longue journée de jeûne.
Dire que le dernier Ramadan, si tôt dans cette crise mondiale, a été inhabituel serait un euphémisme. L'esprit communautaire habituel était largement absent et, alors que nous, ainsi que le reste de la nation, nous adaptions aux premiers mois de confinement, nous avons fait de notre mieux pour nous assurer que la véritable essence du Ramadan reste intacte.
Ma famille étant dispersée dans tout le pays et ne pouvant se réunir, nous avons dû, comme beaucoup d'autres, trouver des moyens nouveaux et innovants de célébrer le mois ensemble. Nous avons passé nos week-ends de Ramadan à discuter sur Zoom et à débattre sur le fait de qui à lever la main en premier pour parler. Même si nous ne pouvions pas rompre le jeûne ensemble, cela ne signifiait pas que nous ne pouvions pas manger les mêmes aliments. Les membres de la famille qui vivaient à proximité recevaient souvent des sacs de mes dernières pâtisseries sur le pas de leur porte, avec des retours détaillés qui m'étaient envoyées par texto quelques heures plus tard. Même si nous n'étions pas physiquement ensemble, cela permettait à notre famille de rester connectée et, d'une certaine manière, de devenir plus proche que jamais.
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Nous n'étions pas les seul·e·s à adopter de nouvelles traditions. Les mosquées ont commencé à organiser des prières du Ramadan et des lectures nocturnes du Coran en ligne. Les associations caritatives ont organisé des campagnes de collecte de fonds sur les réseaux sociaux plutôt que de faire du porte-à-porte. Et les fêtes d'Iftar, comme les fêtes en général, ont commencé à se dérouler sur Zoom plutôt que dans les salles à manger et les restaurants.
Mariam*, 24 ans, étudiante, explique à Refinery29 comment sa famille compte célébrer le Ramadan cette année. Après les décès récents de son grand-père et de son ami, Mariam et sa famille ont plus que jamais besoin de leur communauté. "Je passe mon Ramadan à prier et à réfléchir à la vie cette année. Le COVID m'a vraiment appris à valoriser ma famille, ma santé et ma vie, et à être patiente et à ne pas prendre les choses pour acquises, car elles peuvent facilement vous être enlevées". Au cours du dernier Ramadan, Mariam et sa famille ont instauré la tradition d'une "table du Ramadan" composée de "dattes, d'un oud traditionnel, de fleurs, du Coran, de bougies et d'un livre de prières". Ils ont également créé leur propre "mini-mosquée" à la maison. "C'est là que nous faisions les prières Tarawih chaque jour, mes frères se relayant pour diriger la prière".
De même, Yasmin Al-Najar, journaliste, a constaté que le fait de décorer sa maison l'aidait à retrouver sa spiritualité et à se mettre "dans le bain". Mais même dans ce cas, les choses n'étaient pas les mêmes. "La communauté [musulmane] est comme une famille et le fait de ne pas pouvoir être avec elle pendant le Ramadan a fait que le mois a donné un sentiment de solitude et n'a pas été le même que les Ramadans précédents… Même le fait d'être dans une mosquée me donne une sorte de paix et un sentiment accru de spiritualité et de proximité avec Dieu que je ne trouve nulle part ailleurs, donc le fait de ne pas pouvoir y aller l'année dernière a été l'une des choses les plus difficiles du Ramadan".
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Bien que les mosquées soient désormais ouvertes sans jauge maximale fixe, les mesures de distanciation sociale sont toujours en place, limitant ainsi le nombre de places dans certains lieux. Sabah Ahmedi, l'un des plus jeunes imams de Grande-Bretagne, a expliqué à Refinery29 comment il prévoit de rassembler les gens ce Ramadan. "Cette année, en nombre limité, nous offrirons des prières dans nos mosquées selon les règles de distanciation sociale et nous avons également organisé des événements en ligne pour que les membres de notre communauté puissent participer aux bénédictions qu'apporte le Ramadan depuis le confort de leur maison".
"C'est formidable que les musulmans puissent rester virtuellement connectés pendant ce mois béni. C'est une occasion pour nous de prier les uns pour les autres, de soutenir les familles qui peuvent être seules pendant ce mois et de partager leurs propres expériences du Ramadan afin de se motiver et de s'encourager mutuellement à devenir plus vertueux et meilleurs", dit-il.
Le confinement nous a appris beaucoup de choses et nous a vraiment donné le temps de réfléchir et de reconsidérer nos priorités, et c'est peut-être le meilleur état d'esprit à adopter cette année. Alors que je me prépare pour mon deuxième Ramadan en confinement, je ne peux m'empêcher de me réjouir de raviver ma relation avec Dieu et de renforcer ma religion. Il a été difficile de ne pas pouvoir s'engager dans nos traditions et rituels habituels, mais trouver de nouvelles façons de se connecter à notre communauté nous a donné l'occasion de vraiment renforcer et intensifier nos liens avec tou·tes·s celles et ceux qui font partie de nos vies.
Même s'il a été difficile, le Ramadan sera toujours un mois extrêmement important pour la communauté musulmane. Même une pandémie mondiale ne pourra pas changer cela.
*Certains noms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées.
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