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Fundamental : la réalisatrice Sharmeen Obaid-Chinoy nous explique en quoi l’activisme est fondamental

Photo: John Lamparski/Getty Images.
Aux quatre coins du monde, des personnes sont aux prises avec certains des problèmes sociopolitiques les plus urgents de notre époque. Racisme, sexisme, homophobie et classisme se recoupent en tous points, créant un réseau complexe d'oppression institutionnalisée qui dicte le mode de vie des personnes marginalisées. Dans une arène internationale aussi avancée sur le plan technologique, nous continuons à travailler sans relâche pour démanteler les mêmes systèmes archaïques qui ont longtemps traité nombre d'entre nous comme des citoyens de seconde zone.
Heureusement, certaines communautés s’attaquent de front à une discrimination sociale et systémique endémique, et à la tête de ces mouvements, on trouve presque toujours des femmes. La directrice Sharmeen Obaid-Chinoy s’est donnée pour mission de nous faire connaître leur nom. 
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Obaid-Chinoy a consacré sa carrière de cinéaste à mettre en lumière la lutte constante des femmes du monde entier contre cette forme d'oppression. Née à Karachi, au Pakistan, Obaid-Chinoy a fait ses premiers pas dans le monde du cinéma à l'âge de 14 ans. Dès son plus jeune âge, elle a pu observer directement les effets de la culture patriarcale de son pays : les filles allant dans des écoles séparées des garçons (quand elles étaient autorisées à aller à l'école), les camarades contraintes de se marier à un très jeune âge et autres coutumes troublantes. Frustrée par ceci, Obaid-Chinoy s'est engagée à dénoncer ces injustices et à les rendre visibles pour qu'on puisse enfin, grâce au cinéma, se rendre compte de ces violations flagrantes des droits humains.
Le travail cinématographique de la réalisatrice est axé sur l'activisme, et son oeuvre complete compte plus de 30 projets uniques, dont plusieurs lui ont valu des Oscars et des Emmy Awards, ainsi que le prestigieux Crescent of Excellence de son pays d'origine, le Pakistan. Grâce à son impressionnante filmographie, Obaid-Chinoy veut raconter les histoires ignorées des individus courageux qui alimentent les mouvements sociaux les plus passionnés du monde. Elle veut donner à ces voix et à la cause qu'elles défendent la visibilité qu'elles méritent.
Aujourd'hui, Obaid-Chinoy annonce une nouvelle série de courts métrages mettant en lumière cinq femmes qui transforment leur communauté grâce à leur travail militant. Dans cette série YouTube Originals en collaboration avec le Fonds mondial pour les femmes, Fundamental emmène les spectateurs au Brésil, en Géorgie, au Kenya, au Pakistan et aux États-Unis, nous donnant ainsi une place au premier rang pour découvrir l'activisme de terrain des femmes qui changent la donne.
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Refinery29 a évoqué avec Obad-Chinoy sa nouvelle docu-série YouTube Fundamental, les femmes à l'origine de ces mouvements mondiaux, et son attachement à l'activisme intersectionnel.
Refinery29 : Fundamental partage l'histoire de cinq mouvements très particuliers qui se tiennent partout dans le monde, mais il y a tellement de vagues révolutionnaires en ce moment — comment avez-vous décidé quelles histoires vous vouliez raconter ?
Sharmeen Obaid-Chinoy : “Avec les cycles d’info en continu, nous sommes sans arrêt bombardés d'images en provenance du monde entier, et parfois les questions deviennent trop difficiles à saisir pleinement. Nous voulions montrer la réalité de ces personnes qui sont en première ligne, et ce qui est fait pour s'attaquer aux problèmes de notre société. Grâce à cela, nous pouvons également comprendre ce que les femmes vivent dans le monde et saisir ce que signifie être féministe aujourd'hui. Nous voulions simplement faire un état des lieux de l'activisme dans le monde”.
Comment appréhendez-vous le processus de narration ? Votre sujet n'est pas des plus faciles à aborder.
“Quand j'étais plus jeune, au début des années 1990, je regardais les femmes journalistes à la télévision, et c'est ce qui m'a inspirée à vouloir raconter des histoires. Alors depuis près de deux décennies, je crée des films qui se veulent le miroir de notre société. Je veux que les spectateurs ressentent un malaise lorsqu'ils regardent mon travail, qu'ils se sentent mal à l'aise de ne rien dire quand ils voient ce qui se passe autour d'eux. En se positionnant en spectateurs, ils cautionnent ces règlements et ces lois qui permettent la victimisation et la marginalisation de certaines communautés”.
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“Mon travail m'a conduite dans des pays et auprès de personnes dont je veux amplifier la voix et aider à atteindre un public mondial. Je suis très chanceuse d'avoir reçu des distinctions qui m'ont donné une voix, et à travers cette voix, je veux amplifier celle des autres”.
Les cinq récits présentés dans Fundamental sont tous très forts, mais y avait-il une lutte ou un mouvement qui vous a touché plus que les autres ou auquel vous vous identifiez personnellement ?
“Il y a des moments forts dans chaque film qui, selon moi, cristallisent vraiment ce que ces femmes tentent d'accomplir. Face à une telle adversité, elles portent cet espoir optimiste qu'un jour, elles pourront être elles-mêmes”. 
Quel est le message que vous espérez transmettre au public mondial avec Fundamental ?
“Dans l'un des court-métrages, vous pourrez voir la collaboration entre deux communautés que l'on voit rarement se côtoyer. Vous pourrez comprendre que parce que les deux communautés sont confrontées à des problèmes similaires, elles décident de mener ce combat ensemble parce que leurs valeurs sont alignées — elles mènent le même combat”. 
“Je veux que les gens comprennent que le fondamentalisme et la violence ne se produisent pas uniquement dans des pays lointains où règnent des dictatures et des économies en ruine. Le fondamentalisme est un état d'esprit. Il peut aussi avoir lieu en Europe, aux États-Unis. Je veux aussi que les gens sachent que, malgré tout ce qui se passe dans le monde, il y a des femmes qui s'attaquent de front à ces systèmes, sans savoir si elles seront encore en vie demain”.
“Pour chacun des épisodes, le Fonds mondial pour les femmes a développé des supports pédagogiques, et nous allons diffuser ces épisodes dans les écoles, les centres communautaires, les universités — non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier. L'idée est de lancer un débat nécessaire sur l'importance d'être militant·e aujourd'hui, d'inspirer d'autres personnes à s'engager, de leur montrer le visage des militants, et de les faire entrer dans l'esprit collectif. Il s'agit de bien plus que d'une simple série de documentaires. Il s'agit d'éduquer et d'autonomiser la génération à venir”.

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