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Le confinement a forcé et anéanti ma relation à distance

Illustration par Naomi Blundell Meyer
Bienvenue dans la rubrique "Love Lockdown : l'amour en confinement", une chronique sur la façon dont les gens gèrent leurs relations amoureuses au temps du coronavirus.
La relation qui avait été mon moteur pendant le confinement ne pouvait pas durer. Après huit mois, dont six séparés par la pandémie, nous avons enfin eu la chance de nous retrouver ensemble, pour de vrai. Mais par un soir de septembre venteux, le rêve s'est effondré.
J'avais rencontré Jean* fin 2019 par le biais d'amis communs. Il était grand, beau, européen - et marié. Je vivais la rupture d'une relation importante, qui m'avait laissée vidée et en deuil. Sur un coup de tête, je lui ai envoyé un SMS de "Bonne année". J'étais récemment célibataire, il venait de se séparer et il m'a invitée à sortir. Après une soirée à la National Gallery à Londres, nous avons eu notre premier baiser sur le quai de la District line à Embankment. Mon cœur brisé s'est illuminé.
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Jean était passionné, affectueux, romantique : tout ce dont j'avais envie. Alors que les premières semaines de 2020 s'enchaînaient et que la pandémie menaçait de bouleverser le monde, j'ai réalisé que je tombais amoureuse. J'ai résisté, sachant que nous venions tous les deux de subir des ruptures traumatisantes. Mais peu à peu, avec les nuits romantiques à l'opéra et les dîners intimes, ma résolution s'est estompée. Et puis le confinement est arrivé. 
C'était une véritable plaisanterie cosmique, de faire miroiter le bonheur devant nous et de nous le dérober ensuite. Jean a décidé, à quelques heures de la fermeture des frontières, qu'il devait rentrer en France avec son ex-femme et sa fille. Je comprenais son choix mais j'étais frustrée de le perdre si vite. Nous avons passé les dernières 24 heures ensemble, pleines de tendresse qui m'ont coupé le souffle. Puis il est parti. 
J'ai dit pour la première fois "Je t'aime" lors d'un de nos appels du soir, la connexion étant si mauvaise qu'il ne m'a pas entendu. Avec ma vie habituellement bien remplie, soudainement et terriblement calme, j'avais décidé que la vie était trop courte pour être prudente. Au cours des mois suivants, notre relation n'a fait que s'approfondir, malgré la distance. Nous parlions pendant des heures, partageant nos secrets et nos rêves. Nous nous sommes habillés pour nos soirées date, en buvant du vin et en regardant des films simultanément. Nous nous sommes écrit des poèmes. L'incertitude de tout ne faisait que nous rapprocher.
Lorsque la dépression et l'anxiété m'ont frappée, durement, je n'avais pas d'autre choix que de m'appuyer sur Jean. Il est devenu mon rocher et la seule lueur d'espoir. Je pensais qu'il comprenait ma détresse lorsqu'il s'est arrangé pour venir chez moi pendant deux semaines en juillet, une quinzaine de jours d'intimité intense qui m'a remonté le moral plus que tous les médicaments et les aides psychologiques que j'essayais. Nous avons cuisiné ensemble et regardé des films au lit, temporairement un vrai couple.
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"Nous emménagerons ensemble", a-t-il dit. "C'est une grande étape". Il m'a dit qu'il serait de retour pour de bon en septembre et qu'il voulait que je reste dans son nouvel appartement aussi souvent que possible. Je l'ai prévenue : nous n'emménagerons pas ensemble, je garderai mon propre appartement, ce n'est pas un souci. J'aurais dû voir la peur dans ses yeux. 
Il m'a demandé s'il pouvait fréquenter d'autres femmes en France. Je voulais le soutenir, comprendre son désir d'explorer. Mais le fait de savoir qu'il couchait avec d'autres personnes alors que nous étions séparés était difficile à supporter. Pourtant, j'attendais le mois de septembre avec impatience, osant à peine croire que nous aurions devant nous des semaines et des mois d'amour dans la vraie vie.
Le premier soir où nous nous sommes retrouvés à Londres, il m'a dit qu'il avait deux autres dates plus tard dans la semaine. Mon cœur s'est enfoui dans mes chaussettes, bien qu'il ait dit que j'étais la seule qu'il aimait. Je me suis dit que je devais être heureuse. Notre vie ensemble allait vraiment commencer, même s'il semblait vouloir faire quelques pas en arrière.
La même nuit, j'ai mentionné que j'étais sur la liste d'attente pour la TCC. Il est devenu silencieux. Le lendemain, il m'a dit qu'il n'avait pas compris à quel point ma santé mentale était fragile. Que ça lui faisait peur. Peu après, il m'a dit qu'il ne pouvait pas maintenir ce genre de relation. Qu'il ne voulait pas être mon seul bonheur. Qu'il voulait quelque chose de facile. 
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Mon cœur fragile s'est effondré.
Dans l'obscurité du confinement, il était devenu mon meilleur pilier, un rôle qu'il n'était pas prêt à assumer. Bien sûr, je me demande si les choses auraient été différentes sans la COVID. Jean ne voyait que mes difficultés, sans le tissu de la vie normale pour les adoucir. L'isolement du confinement nous a contraints à une intensité qui aurait pu être plus mesurée autrement. Et nous aurions pu prendre notre temps pour élaborer de grands projets de vie. Rétrospectivement, j'aurais dû être plus prudente avec mes tristes vérités.
Trois mois plus tard, je suis célibataire, de nouveau confinée et sans l'espoir de l'amour qui m'attend de l'autre côté. Je n'ai pas tourné la page ; ce n'est pas vraiment facile de le faire alors que la pandémie fait rage. Peut-être qu'au moment où le monde sera de nouveau prêt à s'ouvrir, mon cœur le sera aussi.
*Le nom a été changé.

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