Mais c’est à l’âge de 11 ans que j’ai eu mon premier béguin pour une fille. Le premier béguin est un moment d’une grande importance, mais c’est encore plus marquant lorsqu’il s’agit d’une fille. J’étais en 5e lorsque c’est arrivé et cela a été terrifiant pour moi. Tout à coup, j’étais emplie de ce sentiment d’excitation merveilleux mêlé à un sentiment d’horreur pur et simple. J’étais à la fois complètement émerveillée par cette fille et complètement dégoutée par moi-même. Elle différait en tout point des filles que je côtoyais habituellement. Pour commencer, elle n’était pas Pakistanaise. Pour beaucoup, cela aurait suffi à rester sur ses gardes, mais j’étais simplement intriguée par sa différence. Nous sommes finalement devenues amies et j’étais sous le charme de son côté artiste, de son esprit ouvert et de son joli sourire. Je sais, c’est terriblement cliché. Ce sentiment innocent s’est rapidement transformé en une émotion toxique qui s’est ancrée dans mon inconscient. Ce moment de grand bonheur s’est transformé en un rappel craintif de ce nouveau secret. Toute mon éducation culturelle et religieuse est remontée à la surface et j’ai été submergée par des sentiments de culpabilité, de colère et de haine envers moi-même. Je n’avais tout simplement pas le droit de ressentir ces émotions, même si j’en mourrais d'envie. Je me disais qu'une femme bisexuelle n’avait pas sa place en islam. J’ai évidemment préféré éviter cette jeune fille. C’était la seule chose à faire.