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A toutes les choses que j’ai aimées : coups de coeur pour des objets

Illustrated by Yazmin Butcher
Ce sentiment ne vous est probablement pas étranger. Ce désir intense qu’on ressent lorsqu'on désire vraiment quelque chose. On est envahi par les endorphines et l’envie… un pur moment de bonheur. On veut que cet objet soit notre, c’est une vraie obsession, on ne le lâche pas des yeux, on rêve à notre futur ensemble — au début un crush, c'est un peu comme porter des œillères. Rien d’autre n’a d’importance. C’est le nirvana. Mais pas que. Le revers de la médaille peut être rude. Surtout pour votre compte en banque.
Avoir un coup de cœur pour un objet, ce n’est pas très différent d’un coup de foudre finalement, on sait qu'on est foutue. Impossible de se contrôler ou de penser à autre chose. On peut bien essayer d’aller de centre commercial en boutique en magasin d’usine, pour tenter de satisfaire nos envies matérielles, passez des heures sur les boutiques en ligne sans ne rien trouver qui ne provoque une réaction allant au-delà de, « mouai, pas mal. » Un coup de cœur, c’est l’inverse d’un besoin. Si vous êtes le genre de personne à vouloir absolument une parka, il faut qu'on parle, parce que je veux savoir comment vous faites. En attendant, je vais baver devant un manteau laine-cachemire Max Mara « Madame » qui est tout aussi beau qu’il sera inutile pour me protéger du froid durant le coeur de l’hiver. Avoir le coup de foudre pour un objet, c’est le capitalisme à son apogée. Mais cela permet également de forger une identité.
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L’objet de votre convoitise va évoluer au fil des âges, tout comme le fera l'intensité du sentiment. Je crois que je ne ressentirai plus jamais rien d’aussi fort que l’envie, presque douloureuse, de posséder cette poupée de porcelaine quand j’avais 7 ans. J’épiais Emily, une beauté aux grands yeux verts et aux boucles dorée, dans la vitrine d'un magasin de jouets. Elle reste à ce jour l’amour le plus pur de ma vie. Mais désirer un Furby alors qu’ils étaient impossibles à trouver en 1998 ? C’est là la première expérience qui m'a donné le frisson de la chasse. Mon crush sur les joggings Juicy Couture quelques années plus tard était moins basé sur ma passion pour le velours rose et plus sur la peur d’être la seule personne de 5e qui n’en avait pas. (pour info, je n'ai jamais réussi à mettre la main dessus, tout comme c'est le cas pour les mèches effet mouflette en vogue à l’époque, et si vous voulez mon avis, ce n’est pas plus mal.)
Ces jours, mes crush matériels se font plus rares, mais sont plus persistants. Bien qu’il y ait beaucoup à dire sur l’obsession courte mais intense que peut provoquer un article Zara, j’ai du mal à trouver des choses qui me plaisent. Mais quand je trouve une chose qui me plait, je ne fais pas les choses à moitié. Mon amour pour les mocassins Gucci (les Jordaans, jamais les Brixtons, dans une teinte de brun spécifique) n'est pas étranger à leur présence continuelle aux pieds de blogueuses — ce fut une évidence, un peu comme quand on commence à voir quelqu’un que l’on connait depuis toujours sous un nouveau jour. Je les ai suivis avec obsession des mois durant, attendant qu’elles soient enfin disponibles (la malédiction de la taille 37), puis, qu’elles soient en solde (ce qui n’est jamais arrivé). Un code de réduction et un taux de change favorable plus tard, elles étaient finalement miennes ! Cela fait maintenant trois ans que nous filons ensembles le parfait amour.
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D’autres crush n’ont pas eu le même Happy Ending. C’est le cas des escarpins Vara à talons bas de Ferragamo, que je voulais plus que tout depuis qu’Alexa Chung les avait remis à l’ordre du jour en 2013. J’ai réussi à mettre la main dessus quatre ans plus tard en bleu marine — force de persévérance — j’ai aussi fini avec les talons en sang. Rien ne m’avait jamais fait souffrir autant que ces magnifiques, mais cruelles chaussures ; malgré mes tentatives répétées de les faire, c’est elles qui ont eu raison de moi (et de mes pieds). Il n’y a pas si longtemps, ma relation aux choses à commencer à vaciller. En m’intéressant à la doctrine du Zéro Déchet (la faute à Blue Planet II), j’ai eu la sensation d’être superficielle pour aimer des objets. Le Minimalisme, la tendance lifestyle qui a dominé 2018, m’a fait me sentir coupable de cette excitation jubilatoire qui m'emplissait à l’achat d’un rouge à lèvres (Charlotte Tilbury forever) et d'une bougie parfumée complètement inutile, mais totalement essentielle ; (Jo Loves spicy, « The Beaumont. » Réfléchir à la conséquence environnementale de ma cupidité n’a pas été une expérience plaisante.
Puis un jour, tout a changé. Après des années de multiples brosses à dents en bambou et de rejet des pailles en plastique, j’ai décidé qu’il n’y avait rien de mal à aimer les choses, céder à la sensation euphorique et les papillons dans le ventre que l’on peut ressentir en voyant un bel objet. Parce qu’un coup de cœur sur un objet ne s’arrête pas aux éléments qui le composent. Tout comme nos coups de cœurs pour des personnes, ceux sur les objets se basent plus sur la personne que l’on voudrait être plus que sur l’objet en lui-même. La principale raison de mon éternel crush (qui restera probablement à jamais de l’ordre du fantasme pour des raisons budgétaires) sur le sac Celine box est qu'il symbolise le type de femmes que je voudrais devenir (raffinée, élégante : pensez été dans le sud de la France) plus encore que la simplicité extraordinaire de son cuir lisse. Les coups de cœur sont une forme de distraction de l’ennui du quotidien. Une forme de plaisir simple, comme le pullover Kule “Jilly” en rouge vif et lilas qui se trouve en ce moment même dans l’onglet juste à côté de celui-ci. Dans un monde où chaque visite sur Twitter vient avec son lot de terreur et où tout semble perpétuellement aller trop vite, les distractions de ce genre sont non seulement bienvenues, mais aussi nécessaires.
Maintenant veuillez m’excuser, il y a un sac Celine qui n’attend que moi.
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