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Covid-19 : les inégalités exacerbées par le virus aux USA

Photo: Bryan R. Smith/AFP/Getty Images.
Au cours des derniers mois, le monde a été bouleversé par la propagation rapide du Covid-19. Aux États-Unis, la pandémie paralyse depuis déjà plusieurs semaines la vie de tout le pays, en particulier dans les grandes zones métropolitaines comme la ville de New-York. Avec plus de 140 000, l'État de New-York est d'ailleurs l'État qui compte le plus grand nombre de cas confirmés du pays.
Lorsque les Américains ont commencé à prendre conscience de l'impact du coronavirus sur leur pays, ils ont fait ce qu’ils font le mieux : s’encourager avec des clichés classiques tels que "ensemble, nous allons surmonter cette épreuve" ou "nous sommes tous dans le même bateau". L'un de ces exemples : désigner le virus par le terme "Great Equalizer" (grand égaliseur). Un terme largement repris, notamment par la chanteuse Madonna, qui a choisie d'évoquer la pandémie dans un bain de pétales de rose. Ce qui est entendu ici, c'est que le virus lui-même ne fait pas de discrimination et qu'il affecte de la même façon toutes les communautés, indépendamment de leur race ou de leur classe sociale.
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Mais on sait bien que c’est faux. C'est une simple illusion idéaliste, tout comme le mythe du "rêve américain". Pour que ce soit vrai, il faudrait d'abord que les États-Unis appliquent effectivement une protection égalitaire de ses citoyens en vertu de la loi, et ce n'est pas le cas. Et bien que rassurant pour de nombreuses personnes sur l'état actuel des choses, parler du virus comme d’un "égaliseur", c’est ignorer l'histoire de racisme de ce pays et sa volonté permanente de maintenir une deuxième classe composée principalement de Noirs et de personnes de couleur. Le Covid-19 ne voit peut-être pas les couleurs, mais l'Amérique, elle, certainement. 
La semaine dernière, plusieurs États ont publié des données qui montrent que le coronavirus infecte et tue de manière disproportionnée les afro-américains à un rythme inquiétant. À Chicago, 72 % des personnes qui sont mortes du Covid-19 sont noires, alors qu'elles représentent moins d'un tiers de la population. En Louisiane, environ 70 % des décès dus au Covid-19 sont des Noirs, bien qu'ils ne représentent qu'un tiers de la population de l'État. Au Michigan, bien que les Afro-Américains ne représentent que 14 % de la population, ils représentent un tiers des tests positifs et 40 % des décès dans l'État. Et la liste est longue. 
Mardi, Donald Trump a reconnu la disparité et a posé la question suivante : pourquoi le coronavirus affecte-t-il la communauté afro-américaine beaucoup plus que les autres ? Bien que le président ait semblé être choqué - et qui sait si sa réaction était feinte ou authentique - le seul groupe de personnes qui n'a pas du tout été surpris par cette nouvelle est la population noire. Pourquoi ? Eh bien à cause du racisme. 
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Je ne me suis jamais demandé si ma communauté serait la plus touchée par la pandémie, mais plutôt quand. Que ce soit parce que les Noirs américains constituent une part disproportionnée de la main-d'œuvre qui n'a pas le luxe de passer au télétravail - ou de se prélasser dans une baignoire, ou d'apprendre de nouvelles danses sur TikTok - ou le résultat du manque flagrant d'accès aux soins de santé et à un logement adéquat qui conduit à des diagnostics disproportionnés de maladies préexistantes comme l'hypertension, l'asthme et le diabète - qui peuvent toutes s'avérer fatales lorsqu'elles sont associées aux symptômes du virus. Ou même s'il s'agissait d'un sous-produit de la récession imminente qui va certainement frapper tous les Américains, mais qui va surtout vider de leur substance les communautés noires et de couleur. Les inégalités systémiques et structurelles de longue date qui constituent l'histoire des États-Unis ont préparé le terrain pour une catastrophe. Comme le dit le vieil adage, "quand les Blancs attrapent un rhume, les Noirs attrapent une pneumonie". 
C'est une pilule difficile à avaler, mais on ne peut pas nier les faits. La journaliste du New York Times Nicole Hannah Jones a présenté les facteurs qui ont contribué à cette disparité dans un fil de discussion sur Twitter.
Et même les mesures de protection sont un privilège.
Le CDC recommande désormais de se couvrir le visage en public pour éviter la propagation potentielle du virus. Cependant, de nombreuses minorités visibles hésitent à utiliser des masques de fortune par crainte de harcèlement ou de violence potentielle. Un Noir ne peut certainement pas se couvrir le visage avec un bandana s'il ne peut même pas porter un sweat à capuche sans se faire tirer dessus.
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Alors que les femmes enceintes sont confrontées à la dure réalité d'un accouchement en pleine pandémie, de nombreux hôpitaux ont adapté leurs politiques pour protéger le personnel et les patients. Et si l'incertitude de la situation peut être effrayante pour toute femme qui se prépare à accoucher dans de telles conditions, pour les femmes noires, c'est parfois une question de vie ou de mort.
À mesure que de nouvelles données seront disponibles, il deviendra plus facile de savoir comment les communautés les plus vulnérables seront touchées par la pandémie. Et il est important de se rappeler que si le coronavirus met certainement le pays à genoux, il ne fait aucun doute qu'il met la communauté noire en position de faiblesse - et si l'on ne s'attaque pas aux facteurs d'inégalité structurelle, cela ne fera que la rendre encore plus vulnérable.
L'Amérique se remettra du Covid-19, mais il y a un autre virus - profondément ancré dans l'ADN de ce pays - qui nécessite une attention immédiate.   
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