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Pourquoi je suis sur mon téléphone pendant qu’on fait l’amour

Illustration : Anna Sudit.
Parfois, pendant que je fais l’amour, je suis sur mon téléphone. Je consulte mes emails, je commande à manger, j’envoie un message et parfois même, je m’empêche de rire pendant que je suis au téléphone avec quelqu’un. 
C’est purement intentionnel. Soyons très clair là-dessus : si quelqu’un regarde son téléphone pendant que vous faîtes l’amour, je vous conseillerai de lui piquer des mains et le foutre dans le verre d’eau le plus proche, puis de le mettre dehors. Parce que honnêtement, qui fait ça ? Tout aussi inexcusable, bien que plus courant : être sur son téléphone pendant un rencard. Donc pourquoi est-ce que je me permets de le faire ? Parce que ça excite mon copain. Le fait que je sois distraite, ou que je fasse semblant de l’être en tous cas. Ca n’a d’ailleurs pas besoin d’être mon smartphone. Je pense que ça marcherait aussi avec un livre ou des mots croisés. Mais l’intérêt d’un téléphone, c’est qu’il me permet d’être connectée à des milliards de personnes, qui eux ne me font pas l’amour, et qui pourtant retiennent mon attention. Vous voyez l’idée ?
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“Vous êtes bizarres, Hayley” m’a dit une copine en riant, quand je lui ai parlé de ça. Certes, c’est peu courant. Mais qu’est-ce que la norme en même temps ? “Tu sais, il y a cette idée fictive qu’à chaque fois qu’un couple fait l’amour, il faudrait que ce soit un moment magique, comme au cinéma.” me dit mon copain, quand je lui demande pourquoi est-ce qu’il aime que je fasse parfois semblant d’être distraite pendant l’amour. Et même si on a souvent l’impression de manquer de ça, c’est tout aussi agréable de faire l’amour sans ça ait trop d’importance. Je n’appellerais pas ça du sexe de maintenance, mais disons plutôt du sexe sans la performance. 
Et on est d’accord là-dessus. 
Ce n’est pas tant qu’on a trop souvent forcé sur la corde romantique - les regards appuyés, les soupirs synchro, le dos parfaitement courbé, enfin vous voulez le genre. Certes, c’est agréable, mais ce que je veux dire c’est qu’on est ouvert pour du sexe moins surjoué. Même si ça suppose que je fasse semblant de me faire chier, ok, ok, j’entends d’ici vos remarques.
Illustration : Anna Sudit.
Mais la beauté du sexe sous la distraction, c’est qu’il est plus naturel. C’est un fait : les couples n’ont pas autant de rapports sexuels qu'ils ne le souhaiteraient. D’après une étude australienne menée en 2011 auprès de 4 290 hommes (dont 3 240 dans des relations hétérosexuelles) et 4 366 femmes (dont 3 304 dans des relations hétérosexuelles), la majorité des hommes trouvent qu’ils ne font pas suffisamment l’amour, contre 30% des femmes. Pourquoi ce fossé ? Selon les experts, c’est dû à la pression monstre que l’on se met avec ça. Si on n'était pas si stressées, fatiguées ou difficile avec notre corps aussi. Mais je pense aussi l'autre coupable, c'est notre vision déformée du “bon” sexe. C’est quoi un rapport sexuel réussi ? Une “bonne partie de jambes en l’air” ?
J’aime le fait que mon partenaire et moi sommes d’accord pour essayer des choses différentes, surtout quand il s’agit d’amorcer la chose. Certains de nos démarrages sont remarquablement paresseux. Ca nous arrive par exemple de se raconter notre journée pendant qu’on fait l’amour, puis de regarder Netflix et ensuite de reprendre. Quand il m’allume pendant que je suis sur mon téléphone, ça nous fait rire et ça nous détend l’un l’autre. Ca nous permet aussi de prendre tous les deux le temps de jouir, parce qu’on est pas dans la performance mais plus dans la lenteur.
Il y a aussi une dimension d’empowerment dans tout ça, de deux côtés. Mon copain part du principe qu’on peut faire l’amour n’importe quand, peu importe ce que je fais. Il y a aussi l’idée que je suis tellement occupée et importante que ça m’est égal qu’on fasse ou non l’amour, ce qui fait de moi la personne au pouvoir. Evidemment, la clé dans tout ça c’est qu’on ne s’ignore pas pour de vrai. Et je pense que c’est un détail de taille. C’est même ce qui fait toute la différence. Notre façon de faire semblant qu’on s’en fout est un jeu, un jeu de rôle encore jamais vu à Hollywood, et qui donc paraît bizarre. Tout comme on ne peut dîner tous les soirs au resto le plus chic de la ville, mon copain et moi avons appris à pimenter les choses même devant un plat réchauffé. A méditer peut-être ?

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